La privation sensorielle sous toutes ses formes, et la surdité en particulier, peuvent être particulier déroutantes pour les personnes touchées et entraîner une certaine forme d’isolement. Bien que chaque malentendant vive cette situation de manière très individuelle, la surdité aura dans tous les cas d’importantes répercussions sur la vie personnelle et professionnelle des adultes, mais aussi sur le développement et l’apprentissage chez les enfants.
Si vous êtes vous-même atteint de ce handicap ou si vous avez une personne malentendante ou sourde dans votre entourage, il est nécessaire de vous informer sur ce qu’est la surdité, ses différentes formes, ses causes et ses traitement, afin de pouvoir mieux vivre la situation et éventuellement d’accompagner votre proche face aux défis du quotidien.
C’est pour cette raison que l’équipe d’Audialy.com vous propose aujourd’hui un dossier très complet sur la déficience auditive, en espérant qu’il réponde à toutes vos questions et inquiétudes.
Sommaire
Qu’est-ce que la surdité ?
La surdité se définit comme une déficience de l’audition. Cette déficience peut s’exprimer de manière quantitative, c’est à dire que l’on entend de manière moins intense, ou qualitative, lorsque l’oreille n’enregistre pas correctement les sons.
En France, plus de 10 % de la population serait confrontée à une perte d’acuité auditive ou baisse de l’audition.
La surdité peut par ailleurs concerner une oreille seulement (surdité unilatérale) ou bien les deux, on parle alors de surdité bilatérale. Elle peut aussi être symétrique, chaque oreille étant touchée par le même degré de surdité, ou asymétrique, une oreille étant alors plus handicapée que l’autre.
Plus précisément, la surdité peut toucher différents organes qui constituent l’oreille et notamment :
- L’appareil de transmission qui amplifie le message sonore et est composé de l’oreille externe et l’oreille moyenne avec le tympan et les osselets
- L’appareil de perception qui comprend la cochlée ou organe de Corti et permet de traduire ce message en influx nerveux allant jusqu’au cerveau
Attention toutefois, la surdité est une abolition complète de l’ouïe ne doit pas être confondue avec l’hypoacousie qui correspond à une abolition partielle de l’audition.
Les différents types de surdité
En fonction de la localisation de l’altération auditive et de son importance, la surdité peut porter des noms divers.
La surdité de perception
La surdité de perception est liée à une déficience des voies nerveuses ou de l’oreille interne. Dans ce cas, les sons continuent à parvenir au cerveau mais l’information sonore transmise n’est plus transformée en signaux électriques. Les sons, en particulier les sons aigus, ne sont donc plus perçus correctement par le cerveau.
Ce type de surdité est particulièrement fréquent chez les personnes âgées, en particulier ceux qui souffrent de presbyacousie, mais peut également toucher les sujets jeunes atteints d’une maladie congénitale ou victimes d’un traumatisme sonore lié à une très forte exposition au bruit.
La surdité de perception peut également avoir d’autres causes, notamment traumatiques, infectieuses ou médicamenteuses.
Pour en savoir plus sur cette forme de surdité, nous vous invitons à regarder cette petite vidéo explicative :
La surdité de transmission
La surdité de transmission, elle, correspond à la déficience de transmission du son entre l’oreille moyenne et l’oreille interne. Il peut s’agir d’une absence totale de transmission ou d’une déficience partielle.
Dans la plupart des cas, la surdité de transmission est temporaire et liée à la présence d’un obstacle dans le conduit auditif comme un bouchon de cérumen par exemple. Il peut néanmoins y avoir d’autres causes à ce type de surdité et notamment :
- Une infection du canal auditif
- La perforation du tympan
- Un problème morphologique
- La présence d’un kyste, d’une tumeur ou d’un corps étranger dans le canal auditif
- Une otite céreuse
- Une maladie telle que l’otospongiose, le choléstéatome, une tumeur ou une otite barotraumatique
Diagnostiquée rapidement, la surdité de transmission peut être traitée et le patient retrouver une audition normale sans aucune séquelle.
La surdité mixte
La surdité mixte correspond à un problème de transmission et de perception des sons. Plusieurs parties de l’oreille sont donc endommagées et les sons peuvent paraître à la fois moins forts et plus difficiles à comprendre.
Les causes de la surdité mixte peuvent être variées et inclure les causes de la surdité de perception ainsi que celles de la surdité de transmission.
La surdité rétrocochléaire
Généralement profond et permanent, ce type de surdité est lié à l’absence de nerf auditif ou à un nerf auditif endommagé. Les aides auditives classiques et les implants cochléaires ne constituent généralement pas une solution pour les personnes atteintes de surdité rétrocochléaire car le nerf auditif ne fonctionne pas correctement.
La surdité brusque et la surdité progressive
Particulièrement déstabilisante, la surdité brusque survient, comme son nom l’indique, sans préavis. Elle s’accompagne parfois d’acouphènes, de vertiges ou de troubles de l’équilibre.
La surdité brusque peut avoir des causes diverses comme une atteinte du nerf auditif ou de la cochlée, une infection virale comme les oreillons ou le zona, un trouble vasculaire, ou encore un neurinome de l’acoustique. Il faut tout de même savoir que la plupart des surdités brusques restent de cause inconnue.
En cas de perte d’audition soudaine, il est très important de consulter rapidement un médecin. Si la plupart des cas de surdité brusque régressent en une quinzaine de jours, d’autres peuvent entraîner des complications plus ou moins graves.
La surdité progressive, elle, s’aggrave avec le temps. Elle est souvent liée au vieillissement mais peut également avoir d’autres causes.
Les degrés de surdité
En fonction du degré de surdité on peut la considérer comme légère, moyenne, sévère ou profonde. Pour connaître le degré de surdité il est nécessaire de réaliser un examen appelé audiogramme tonal.
Voici les seuils et leurs degrés de surdité correspondants :
Seuil de perte auditive | Degré de surdité |
---|---|
Entre 21 et 40 dB | Déficience auditive légère |
Entre 41 et 70 dB | Déficience auditive moyenne |
Entre 71 et 90 dB | Déficience auditive sévère |
Entre 91 et 119 dB | Déficience auditive profonde |
120 dB | Déficience auditive totale |
On considère que les personnes atteintes de surdité légère peuvent généralement entendre avec leur « bonne » oreille mais qu’elles peuvent avoir de la peine à suivre certaines conversations, en particulier dans des endroits bruyants.
Les personnes atteintes de surdité moyenne, elles, ont besoin d’un appareil pour pouvoir suivre une conversation, tandis que les sourds sévères auront également besoin de la lecture labiale pour pouvoir communiquer.
Enfin, les sourds profonds, n’entendent généralement pas et ont vraiment besoin du langage gestuel et/ou de la lecture labiale pour pouvoir communiquer.
Les symptômes de la surdité
La surdité, quelle que soit son origine, se traduit toujours par une baisse plus ou moins forte de l’audition. Elle peut néanmoins s’accompagner d’autres symptômes tels que :
- Des acouphènes
- Un écoulement de liquide depuis le conduit auditif
- Un écoulement de sang par l’oreille
- Une douleur ou une gêne
- Une paralysie faciale
- Des vertiges
- Des maux de tête
Si certains de ces symptômes se font ressentir, il est nécessaire de consulter rapidement un médecin ORL afin qu’il examine le tympan à l’otoscope. Il devra également mener un examen plus approfondi afin de savoir à quel niveau se pose le problème et quelle en est la cause, de préciser le degré de perte auditive, le tout pour proposer un traitement adapté.
Parmi les examens auditifs les plus fréquemment utilisés en cas de surdité, on retrouve :
- L’acoumétrie : elle mesure le degré d’audition.
- L’examen au diapason : il permet de distinguer les surdités de transmission et de perception.
- Le test de Weber : ce test compare l’acuité auditive des deux oreilles.
- L’épreuve de Rinne : elle sert à diagnostiquer les surdités de transmission.
- L’épreuve de Fowler : elle est utilisée pour diagnostiquer une atteinte du nerf auditif.
- L’audiométrie vocale : elle étudie la compréhension et l’intelligibilité du langage parlé.
- L’impédancemétrie : cet examen permet de mesurer l’élasticité du système tympan-osselets et de la perméabilité de la trompe d’Eustache.
- Une radio ou un scanner des rochers
- Une étude des potentiels évoqués auditifs
- Une électrocochléographie
- Un IRM
- Une électronystagmographie : elle enregistre les réponses de la cochlée induites par des stimulations sonores.
- Un test auglycérol
Ces différents examens permettront de définir précisément l’origine de la surdité ainsi que les organes affectés. Le degré de perte auditive sera également précisé et le type de surdité établi.
Les causes de la surdité
La surdité peut être causée par différents facteurs.
Plus particulièrement, la surdité de perception est d’origine neuro-sensorielle et souvent liée à une atteinte de la cochlée ou des voies nerveuses auditives situées après la cochlée. Elle peut être héréditaire ou survenir à la suite d’une maladie telle qu’une embryopathie, une anoxie néo-natale, une méningites, etc.
Les autres causes de la surdité de perception sont :
- Le vieillissement
- Un traumatisme sonore
- Une otite
- Une otolabyrinthite
- Un vertige de Ménière
- Une tumeur de l’angle ponto-cérébelleux
- Une névrite toxique ou infectieuse
- Une atteinte des voies centrales est très rare
La surdité de transmission, elle aussi, peut avoir un grand nombre de causes et notamment :
- Un bouchon de cérumen
- L’otospongiose ou otosclérose
- Un traumatisme entraînant la rupture de la chaîne des osselets
- Une malformations des osselets
- Une otite céreuse, chronique ou moyenne aiguë
- Un cholestéatome
- Un traumatisme crânien
- Une perforation du tympan
- Un barotraumatisme
- Une malformation congénitale
Il est important de bien définir l’origine de la surdité afin de proposer un traitement adapté.
Quel est le traitement de la surdité ?
Dans le cas d’une surdité de transmission, il faudra tout d’abord traiter la cause. Il conviendra par exemple d’éliminer le bouchon de cérumen ou le corps étranger dans le canal auditif et de soigner les otites, soit par antibiothérapie, soit à l’aide de médicaments anti-inflammatoires.
Un traitement chirurgical peut également être préconisé, et notamment la réfection du tympan ou la reconstitution des osselets.
Par ailleurs, à côté du traitement médical, un traitement de fond à base d’antihistaminiques, de mucofluidifiants, d’immunothérapie ou d’oligo-éléments est généralement conseillé.
Dans le cas d’une surdité de perception, le traitement sera basé sur des vasodilatateurs et des vitamines B.
Dans tous les cas, un appareillage pourra également être proposé et accompagné par une rééducation orthophonique, permettant ainsi une meilleure compréhension de la parole et un meilleur confort d’écoute.
L’entourage de la personne sourde aura aussi un rôle très important à jouer, notamment dans l’accompagnement de la période d’habituation et le processus de rééducation.
L’appareillage des sourds et malentendants
L’amélioration des conditions de vie des personnes sourdes passe en premier lieu par l’appareillage. En fonction du degré de surdité et des organes touchés, plusieurs types de prothèses peuvent être indiqués :
- Les contours d’oreille qui peuvent être prescrit pour tous les types de pertes auditives, même les plus sévères, sont par exemple très efficaces même s’ils sont assez peu discrets
- Les micro-contours d’oreille, plutôt adaptés à des pertes auditives légères et très discrets
- Les appareils intra-auriculaires invisibles, placés dans le conduit auditif et efficaces pour les surdités légères ou moyennes uniquement
Ces prothèses auditives présentent l’intérêt de ne pas nécessiter d’intervention chirurgicale et donc pas d’anesthésie. Elle n’entrainent par ailleurs jamais de perte complète de l’audition.
Il existe par ailleurs d’autres types d’appareillage qui nécessitent une intervention chirurgicale :
- Les implants en conduction osseuse qui stimulent l’oreille interne lorsqu’elle fonctionne bien mais que le reste de l’oreille est trop atteinte pour qu’un appareillage classique fonctionne correctement.
- L’implant cochléaire, uniquement destinés aux surdités sévères ou totales lorsque le nerf auditif est en bon état.
Les aides auditives se sont beaucoup développées ces dernières années et sont aujourd’hui très performantes, permettant par exemple de n’amplifier que certaines fréquences, de régler l’intensité du son automatiquement et d’effacer les bruits de fond. Elles sont également plus discrètes et plus confortables à porter au quotidien.
Pour en savoir plus sur les prothèses auditives, nous vous invitons à consulter notre dossier dédié et de regarder la vidéo ci-dessous :
Conclusion
La surdité est une déficience qui peut prendre différentes formes, toucher l’une ou les deux oreilles, gêner la compréhension orale ou complètement empêcher l’audition. Elle peut également avoir de nombreuses causes et survenir de manière brutale ou progressive.
Handicapante, elle peut par ailleurs rendre la vie quotidienne des personnes touchées très compliquée, voire carrément les isoler et gêner leur éducation ou leur carrière professionnelle.
Heureusement, il existe aujourd’hui des solutions permettant de traiter quasiment tous les types de surdité, qu’elles soient légères ou sévères. Entre les traitements médicaux, l’appareillage et la chirurgie, il est en effet possible de redonner aux personnes sourdes la capacité d’entendre et de mener une vie presque normale.
Pour cela, encore faut-il que les surdités soient diagnostiquées suffisamment tôt et que les personnes malentendantes ou sourdes bénéficient d’un réel suivi.