Hyperacousie : quand les bruits du quotidien deviennent insupportables

Vous sentez que vous devenez particulièrement sensible à certains bruits ? Vous souffrez parfois de douleurs aux oreilles, ou avez des difficultés à tenir une conversation en présence d’autres sons ?

Il est possible que vous souffriez d’hyperacousie, un dysfonctionnement de l’audition qui entraîne de réelles souffrances au quotidien.

Dans cet article, l’équipe d’Audialy vous propose une définition de l’hyperacousie (ou hypersensibilité auditive) ainsi que différentes clés pour envisager un traitement. Avec des explications simples et accessibles, il vous sera possible de mieux comprendre cette pathologie et de vous orienter pour consulter des spécialistes ou adapter votre quotidien.

Hyperacousie : définition

Hyperacousie
L’hyperacousie est un trouble de l’audition entraînant une hypersensibilité de l’ouïe particulièrement gênante

L’hyperacousie est un phénomène en constante augmentation. Aujourd’hui, près de 8% des Français de 15 ans et plus disent en souffrir et ce chiffre est encore plus élevé chez les 15-17 ans.

Cette pathologie peut toucher n’importe quel sujet, du moment que celui-ci a exposé son ouïe à une ou plusieurs situations à risques. Ceci aura pour conséquences de développer de manière significative une hypersensibilité jusqu’à provoquer des gênes quotidiennes. Les personnes souffrant d’hyperacousie ne supportent en effet plus des niveaux de bruit tout à fait ordinaires comme les aboiements d’un chien, les pleurs d’un enfant ou même la sonnerie du téléphone.

Dans les troubles auditifs, on connaît généralement mieux les affections qui ont pour conséquences une baisse de l’audition. Pourtant, d’autres dysfonctionnements existent et peuvent causer tout autant de soucis au quotidien.

Si le terme d’hyperacousie est né dans les années 1930 grâce aux travaux du docteur HB Perlman, sa définition n’aura de cesse d’évoluer et de se préciser et il faudra attendre les années 1980 pour que d’autres spécialistes se penchent sur la question, effectuent des observations cliniques et proposent des solutions.

Aujourd’hui, il n’existe pas encore de guérison avérée, mais le traitement de l’hyperacousie est possible et connaît des progrès permanents.

Caractéristiques de l’hyperacousie

L’hyperacousie se caractérise par une trop grande fragilité de l’ouïe (hypersensibilité auditive). Elle se manifeste plus généralement chez les sujets souffrant d’acouphènes. Elle peut ne toucher qu’une une seule oreille, ou les deux.

L’hyperacousie a également pour particularité de ne concerner que les personnes présentant une audition correcte.

Toutefois, pour le patient, la perception d’un son (ponctuel ou continu) constituera un trouble réel et très souvent durable, d’où le besoin d’une prise en charge et l’usage du terme « hypersensibilité ». De plus, ce mal ne vient pas seul et s’accompagne souvent d’acouphènes voire de maux de têtes ou de vertiges.

Hyperacousie chez l'enfant
Mêmes les enfants peuvent être touchés par l’hyperacousie

Touchant de plus en plus de personnes à l’échelle mondiale, l’hyperacousie concernerait près de 2% de la population française. On parle de millions de personnes concernées. Des enfants aux adulte, jusqu’aux seniors, nul ne serait épargné.

Les musiciens, ou tout corps de métier qui exposerait à des sources sonores dangereuses de manière prolongée seraient évidemment les plus touchés. Pour autant, les premières victimes se comptent parmi les enfants, et ce dès 10 ans.

Les symptômes de l’hyperacousie

Le symptôme le plus fréquemment observé chez les patients souffrant d’hypersensibilité auditive serait la gêne occasionnée par un bruit qui en couvre d’autres.

Par exemple, alors qu’une conversation se tient dans un espace fermé, la personne touchée aurait du mal à entendre (et donc répondre) si d’autres bruits se manifestaient autour (autres conversations de la clientèle dans un restaurant, nuisances provenant de la rue, de la cuisine, etc…).

Mais elle peut également revêtir d’autres symptômes et notamment :

  • Des douleurs
  • Des migraines
  • De la fatigue
  • Des nausées

Tous ces symptômes confondus, et une fois reconnus, peuvent justifier d’une reconnaissance d’invalidité par un médecin, un spécialiste et la CPAM.

Ci-après, découvrez une vidéo qui simule les ressentis d’un hyperacousique.

Diagnostiquer l’hypersensibilité auditive

Notez qu’un diagnostic ne peut être posé qu’après un temps conséquent d’observation, car les maux concernant l’audition sont multiples.

Les médecins et divers praticiens compétents auront à distinguer, par vos déclarations pour commencer, puis par des analyses plus précises, si vos troubles ne révèlent pas une baisse d’audition. Il n’est pas évident, aux premiers symptômes, de définir d’où provient le souci puisqu’une partie des conséquences est la même. Que l’on ait une ouïe défaillante ou pas.

Deux patients peuvent présenter les mêmes signes de gêne à entendre, les mêmes douleurs, et avoir deux capacités d’audition très distinctes ! L’un aura besoin de prothèses auditives, l’hyperacousique devra prendre d’autres mesures (un appareillage lui serait encore plus incommodant)

Il existe diverses identifications de l’hyperacousie :

Echelle du bruit
Echelle du bruit : Intensité et niveau sonore
  • L’hyperacousie d’intensité : le sujet perçoit fortement des bruits qui sont en réalité d’une intensité moyenne.
  • L’hyperacousie de gêne : le sujet ressent des gênes et des impacts sur sa vie quotidienne en présence de bruits qui sont en réalité d’une intensité moyenne.
  • L’hyperacousie de peur : le sujet prend peur des environnements perçus comme bruyants alors que l’intensité sonore se révèle moyenne ou convenable. On note un premier impact sur sa vie sociale. Le sujet tend à éviter toute forme de nuisances sonores comme les lieux publics.
  • L’hyperacousie de douleur : le sujet, en plus des gênes, ressent des douleurs (otalgies). Alors que le niveau sonore mesuré pour causer une douleur est d’approximativement 120 dB, une personne souffrant d’hyperacousie pourra évoquer des otalgies à un seuil inférieur.

Mesures de l’hyperacousie

  • 75-90 dB : légère
  • 50-75 dB : modérée
  • 30-49 dB : sévère
  • 0-29 dB   : profonde
Caractéristique Description Taille de l’échantillon Auteurs
Prévalence population générale De 23 % à 0,4 % 1023 Rubinstein et al., 1996 et 1999
Prévalence enfants (7 à 12 ans) 3,2 % 506 Coelho et al., 2007.
Âge moyen ♀ 47,2 ans ± 15,7 / ♂40,8 ans ± 13,7 / Moyenne : 43.9 ans ± 15 170 / 211 / 381
Latéralité 70,3 % bilatérale / 29,7 % unilatérale 175 Westcott et al., 2013.
Diminution moyenne du niveau d'inconfort -16 à -18 dB de 0,125 à 8 kHz 381 Sheldrake et al., 2015
Vitesse d'apparition 34 % soudaine / 60 % graduelle / 7 % inconnue / 62 Jüris, 2013.
Présence de douleurs 45 % 62 Jüris, 2013.
Seuil d'audition 37 % ont des seuils auditifs ≤ 20 dB HL de 0,125 à 8 kHz 381 Sheldrake et al., 2015.
Cause exposition aux bruits 51 % 100 Anari et al.,1999

Comment prévenir l’hyperacousie ?

Prévenir les problèmes auditifs
Il est important d’éduquer les enfants sur les risques liés à l’écoute prolongée de musique

La toute première recommandation pour se prémunir des effets nocifs de l’hyperacousie serait… L’éducation. En effet, il convient dès le plus jeune âge de ne pas s’exposer à des signaux sonores considérés comme trop dangereux. Ainsi, il s’agit d’apprendre aux enfants à préserver leur capital auditif.

Il peut suffire d’une seule exposition pour déclarer l’hyperacousie. Un baladeur MP3, l’usage prolongé du casque, des concerts, des travaux ou toute pollution sonore que l’on rencontre en ville peuvent par ailleurs favoriser l’apparition des premiers signes.

Ensuite, lorsqu’un sujet est touché des acouphènes (ces bruits fantômes qui polluent l’audition de manière continue ou discontinue) il existe des techniques simples et parfois médicamenteuses.

Traitement de l’hyperacousie : préventions et soins

Il n’existe pas, à proprement parler, de traitement curatif permettant d’établir une totale guérison. Il faudra dans tous les cas s’armer de patience. Une fois un diagnostic établi par un ORL, diverses options s’offrent au patient.

Il pourra être utile d’aborder le problème sous l’angle comportemental. En respectant des consignes simples (comme d’éviter les environnements sonores agressifs) certains symptômes tendront à s’estomper voire disparaître.

Un cadre relativement calme, sans être silencieux, sera propice à une voie de guérison. Il n’est pas recommandé d’évoluer dans un silence total, la démarche risquant de créer une hypersensibilité à toute forme de sons. On pourra d’ailleurs aussi avoir recours à un générateur de bruits blancs.

L’ouïe, comme chaque sens peut s’éduquer ou se rééduquer.

Attention toutefois, il est tout à fait possible de faire disparaître des troubles de l’audition dans le cadre d’une hyperacousie, il demeure impossible de récupérer l’audition perdue.

Dans ce cas uniquement, un audioprothésiste devra procéder à la réalisation d’un appareillage. Celui-ci pourra augmenter le niveau général de l’environnement sonore, ou corriger les diverses fréquences perdues, mesurées avec un audiogramme.

hyperacousie : situer le niveau de la parole sur un exemple d'audiogramme
Un exemple d’audiogramme

Il vous sera éventuellement recommander de consulter d’autres thérapeutes que ceux relevant de la médecine traditionnelle. Ainsi, vous pourrez avoir recours, par exemple, à des ostéopathes ou des chiropracteurs dont les pratiques auront pour effet de détendre les zones autour de l’oreille, comme la mâchoire ou les cervicales. En effet, des tensions dans ces endroits peuvent avoir de réelles incidences sur l’audition.

Dans le cas où ces soins n’auraient pas les effets escomptés, il est alors indispensable de consulter un médecin. De récentes études sur l’hypersensibilité auditive donnent des résultats prometteurs : l’espoir de retrouver son audition de jeunesse

Conclusion : Vers une meilleure connaissance de l’hyperacousie

Malgré la progression du nombre de personnes touchées, malgré les conséquences parfois lourdes pour les sujets les plus atteints, l’hyperacousie n’est pas encore reconnue comme elle pourrait l’être. Tous les scientifiques et les médecins ne s’accordent pas à la définir précisément.

Les facteurs permettant d’établir un réel diagnostic sont si nombreux qu’ils peuvent impliquer l’intervention d’ORL, de médecins généralistes mais aussi de psychologues, psychiatres ou autres thérapeutes. En effet, à certains stades, il s’avère parfois difficile de distinguer la part psychique de la part physique.

Les praticiens dans l’incapacité de répondre ou soigner, peuvent signifier leur manque de maîtrise en orientant le patient chez des confrères.

Des patients souffrant de stress voire de symptômes dépressifs pourront souffrir de troubles auditifs. Insomnies, périodes prolongées d’anxiété , des situations accentuant la nervosité au quotidien, auront comme conséquences potentielles un impact sur l’audition.

Toutefois, dans beaucoup de cas, on peut observer des améliorations dès lors que le souci est constaté par un praticien (trop de personnes concernées par l’hyperacousie n’en parlent pas ou ne mesurent pas complètement l’impact sur leur quotidien). Ainsi, certains patients connaîtront des améliorations rapides et durables, qu’ils aient suivi les recommandations d’un psychologue comme celles d’un ORL.

Des interventions dites de confort jusqu’aux traitements médicaux, il ne faut rien omettre et tenter toutes les approches thérapeutiques pour espérer un soulagement.

Ci-dessous, une vidéo sur l’hyperacousie avec le témoignage d’un audioprothésiste.