Implant cochléaire : témoignages de patients

Si vous ou l’un de vos proches souffre de surdité profonde, vous avez peut-être déjà songé à la possibilité de l’implantation cochléaire. S’il possède de nombreux avantages, cet implant n’est cependant pas un dispositif miraculeux et peut également entraîner d’autres problèmes, notamment psychologiques.

Pour mieux vous rendre compte de la réalité d’un implanté, rien de tel que de partager son expérience quotidienne.

C’est pour cette raison qu’audialy.local vous propose aujourd’hui de découvrir les témoignages de 5 personnes portant ou ayant porté un implant cochléaire.

Implant cochléaire : 5 témoignages de personnes implantées

« Ca m’aide à mieux avancer dans la vie »

Sur sa chaîne Youtube, « Monsieur Lucas Wild », implanté depuis l’âge de 5 ans, a décidé de partager son expérience et son opinion à propos de l’implant cochléaire.

Pour lui, l’avantage principal de cet implant, c’est de pouvoir entendre tous les sons :

« L’avantage c’est d’entendre tout. Les sons, les bruits, les musiques… C’est sympa ! »

Il ajoute également que son implant lui a permis de mieux s’intégrer dans le monde des « entendants ».

A l’inverse, il trouve que l’implant cochléaire a plusieurs inconvénients et notamment :

  • La nécessité de recharger l’implant fréquemment (toutes les 4 heures dans son cas)
  • L’impossibilité de pratiquer certains sports violents ou la plongée sous-marine
  • Certains risques en cas d’électrochoc

Lucas parle également du débat qui anime la communauté des sourds et malentendants au sujet de cet implant.

Découvrez sa vidéo pour en savoir plus :




« Je trouve ma place nulle part »

Charlotte, aujourd’hui âgée de 17 ans, s’est fait implantée à l’âge de 10 ans. Bilingue, elle fréquente à la fois le monde des sourds et celui des entendants mais avoue avoir du mal à trouver sa place :

« Je vais vous dire franchement et ouvertement à tous : je me sens mal. Très mal. Je ressens un profond malaise tout au fond de moi, avec ce sujet-là. J’avoue que je suis en train de vivre un problème d’identité. Je trouve ma place nulle part. Je me considère comme bilingue et biculturelle, mais comme je ne me sens pas bien chez les entendants, ni chez les sourds… donc je suis dans une position marginale. « 

Elle n’apprécie pas particulièrement son implant qu’elle trouve inesthétique :

« Je me tâte la tête. Et je touche mon implant. Cet inconnu… pas naturel que on m’a mis dans la tête. C’est vrai, ce n’est pas esthétique. Et ce n’est pas très agréable à toucher. Heureusement que mes longs cheveux sont là pour cacher cela. « 

Et se pose beaucoup de questions sur ce que serait devenue sa vie sans l’implant :

Implant cochléaire
Source : Matt Ralph (Flickr)

« Mais la grande question qui restera éternellement sans réponse, c’est qu’on ne sait pas ce que je serais devenue aujourd’hui, si je n’étais pas implantée. »

Au final, même si l’implant cochléaire lui permet d’entendre, il a également créé chez elle des troubles de l’identité assez forts :

« Je ne sais pas où est ma place. Je me sens perdue, incomprise. J’ai l’impression d’errer dans le néant… Celle aussi de ne pas avoir d’avenir. »

Voilà un témoignage très intéressant qui nous rappelle que les implant cochléaires ont également leurs inconvénients.

« Moi je suis POUR l’implant ! »

Découvrez ensuite le témoignage de Démi-Lie Thibault, implantée depuis l’âge de 8 ans.

Dans sa vidéo, elle insiste notamment sur la nécessité de se faire implanter le plus tôt possible pour avoir de bons résultats, ce qui n’a pas été son cas. Son frère, en revanche, a pu se faire implanté à 2 ans et l’implant fonctionne aujourd’hui très bien pour lui.

Cette vidéo s’inscrit dans une démarche de défense de l’implant cochléaire qui est souvent très vivement critiqué par la communauté des sourds et malentendants.

Regardez sa vidéo pour en connaître tous les détails :




« Entendre d’une oreille restée sourde pendant plus de vingt ans m’a procuré une forte émotion »

Michel, atteint d’une surdité de l’oreille droite raconte ainsi son histoire :

« En 1993, à l’âge de 47 ans, on m’avait diagnostiqué une otospongiose bilatérale et j’ai été opéré d’abord à l’oreille droite, plus sérieusement atteinte. Hélas, l’opération s’est soldée par un échec : cette oreille est devenue sourde, pour une raison inconnue. Tenter d’opérer l’oreille gauche aurait été trop risqué, si bien que par la suite j’ai fonctionné avec une seule oreille. Pendant vingt ans, des aides auditives de plus en plus puissantes et de plus en plus perfectionnées m’ont permis d’avoir une activité professionnelle et une vie privée quasiment normales. Mais vers 2014 la dégradation de mon ouïe s’est accélérée, sans que mon médecin ou mon acousticien puissent m’aider. J’ai dû renoncer progressivement, malgré tous les supports FM, à la musique, au théâtre, au cinema sans sous-titres, à beaucoup de rencontres amicales, notamment au restaurant, et enfin aux activités professionnelles.« 

En février 2018, il se fait poser un implant cochléaire :

Implant cochléaire
Source : David Shankbone (Flickr)

« Le tout s’est ensuite passé merveilleusement bien : bilan pré-opératoire, consultation d’anesthésiste, opération elle-même effectuée par le Dr XXX le 2 février 2018 en ambulatoire. Puis, l’activation du processeur à l’hôpital vingt-six jours plus tard, suivie de séances d’orthophonie avec une spécialiste proposée par l’hôpital dans mon quartier. »

En retrouvant l’audition grâce à l’implant, Michel s’est senti très ému :

« Entendre d’une oreille restée sourde pendant plus de vingt ans m’a procuré une forte émotion, lors de l’activation du processeur. D’autant qu’il y avait une incertitude quant à l’état du nerf auditif resté inactif si longtemps… Or, les électrodes, activées une à une, ont suscité d’abord des signaux de diverses fréquences, puis des bruissements et des piaillements. Mais quand la spécialiste qui procédait à l’activation s’est mise à parler, j’ai tout compris à travers l’implant, avec mon aide auditive coupée ! »

Après une période de rééducation et différents réglages il est aujourd’hui content du résultat même s’il est toujours perdu dans les environnements bruyants :

« Pendant une heure ou deux par jour, je fonctionne avec l’implant seul et je suis capable de discuter ainsi dans un environnement silencieux avec une, deux voire trois personnes. Mais dans le bruit je suis toujours perdu, même avec les deux supports. »

« J’ai l’impression de ne plus avoir de limite sur tous les plans : communicatif, compréhensif et psychologique »

Enfin, nous vous proposons de découvrir le témoignage très intéressant de Frédéric, possédant un implant cochléaire bilatéral :

« Ce 13 Mai 2014, on m’a donc posé le deuxième implant. Il faut dire que j’étais au bord de l’épuisement mental. L’autre oreille me permettait de faire beaucoup de choses, c’était bien mais fatiguant à souhait.

Pour la deuxième opération, la convalescence s’était très bien passée (aucune douleur, ni vertige ni acouphènes), tandis que la rééducation était à l’image de la première trois ans auparavant, c’est-à-dire très rapide. J’ai été branché le 11 Juin 2014. En Juillet je pouvais déjà donner mes premiers coups de téléphone. J’étais donc bien parti pour vivre pleinement avec deux oreilles. »

Il est aujourd’hui très satisfait de sa bi-implantation :

« J’ai l’impression que mes deux implants sont en train de prendre leur envol. C’est comme posséder un interrupteur « sourd / entendant » au beau milieu du front. Avec ma maîtrise de la Langue des Signes, je peux passer de « l’état sourd » à « l’état entendant » et vice-versa sans problème. J’ai l’impression de ne plus avoir de limite sur tous les plans : communicatif, compréhensif et psychologique :

  • Plan communicatif : je suis enfin devenu quelqu’un qui n’a plus peur d’aborder les gens, qui n’a plus d’appréhension pour faire répéter trois fois la même chose, qui n’a plus de crainte de dire aux personnes se tenant en face de moi que malgré tous les efforts, je puisse ne comprendre rien de rien (à cause du bruit, de la fatigue, etc.)

  • Plan compréhensif : je peux pratiquement tout comprendre : télévision, cinéma, discussion dans les bars, conversation avec 3-4 personnes. Un exemple est ma semaine de bénévolat aux championnats de France de natation à Limoges fin mars. Un événement idéal pour tester mes capacités bioniques. J’en ressors avec beaucoup de satisfaction et de confiance : le brouhaha et la foule permanente ne m’ont pas empêché de discuter avec les autres bénévoles ou d’aider les gens à trouver un siège.

  • Plan psychologique : la surdité vue comme un handicap, c’est globalement du passé pour moi. Plutôt que d’y voir une contrainte de tous les jours, j’ai enfin fini par l’accepter. Ce fameux interrupteur « sourd / entendant » dont je vous ai parlé ci-dessus me permet de basculer d’un « état » à l’autre et c’est finalement le meilleur compromis que je puisse avoir. Car oui, j’ai envie de rester sourd la nuit quand des fêtards ivres rentrent chez eux en faisant bien clinquer les clés et la poignée, ou au petit matin quand le voisin du dessus pisse bruyamment (cas vécu ;)) ! »

Pour lire son témoignage complet, rendez-vous sur son blog.

Conclusion

Une implantation cochléaire n’est pas une décision aisée à prendre. Nous espérons que ces témoignages vous aideront à faire votre choix en meilleur connaissance de cause.